PREMIEREMOITIE DU XVIe SIECLE                    183
délicatesse exquise; il faudrait être bien aveugle pour le contester. Toutefois la tapisserie se trouve désormais détournée de sa voie naturelle et logique, et les nobles inventions des maitres italiens ne sauraient nous empêcher de regarder les conceptions des artistes du Nord comme bien mieux appropriées aux exigences de la pein­ture en laine et en soie.
Marque do Jean Leyniers
eur lu 7» pièce (les Batailles dc Scipion ,
k Madrid.
De l'année 1350, ou environ, datent deux suites dont les dessins furent donnés par Jules Romain et qui ont conservé jusqu'à nos jours une réputation méritée : VHistoire de Scipion et les Fruits de la guerre. La tenture de Scipion, qui ne comptait pas moins de vingt-deux pièces, mesurait cent vingt aunes de cours. Un cri d'ad­miration salua son apparition; on y retrouvait les qualités maîtresses de l'élève de Raphaël, une grande richesse d'imagination, une verve intarissable, une énergie qui approche souvent de Ia violence.
La fantaisie de l'artiste s'était donné libre carrière dans les bor-
Marquea d'Antoine LeynierB eur différentes pièces • de l'Histoirt de Romulus.
dures, composées de guirlandes de fleurs et dè fruits, entremêlées d'enfants nus dans des attitudes parfois un peu risquées.
Les Fruits de la guerre, avec leurs combats, leurs sièges, leurs triomphes, leurs supplices, dérivent du même sentiment. On a pu récemment examiner à loisir ces deux séries, en exemplaires mer­veilleusement conservés, à l'exposition triennale de 1883. ■ A une inspiration plus calme appartient VHistoire de Remus et Romulus, dont la date nous a été conservée ; car on sait qu'elle fut tissée vers 1540 pour le cardinal de Ferrare. Nous avons vu qu'elle appartient aujourd'hui à M. Léon Gauchez.
Si les Mois grotesques, où des figures accessoires ne servent que